Volume 1
La médecine et l'art en Normandie : documents pour servir à l'histoire de la médecine en Normandie / par Ch. de Beaurepaire [and others].
- Beaurepaire, Charles de, 1828-1908.
- Date:
- [1903]-1906
Licence: In copyright
Credit: La médecine et l'art en Normandie : documents pour servir à l'histoire de la médecine en Normandie / par Ch. de Beaurepaire [and others]. Source: Wellcome Collection.
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![lu - La place occupée par Groulard en Normandie fut considérable; il suffit, pour s’en rendre compte, de lii'e l’histoire du Parlement de Normandie, pour voir qu’au moment où notre province était en proie à la guerre civile, le Parlement avait à sa tête « un roc au milieu de l’océan en furie », un chef loyal qui, tout à la fois, contient les reli- gionnaires et bannit « les Françoys espagnolizés » et les moines qui conspirent pour soulever la ville. Riche, il se fait pauvre pour aider son roi, et, pendant longtemps, il se prive de porter hermine, estimant qu’il pouvait faire meilleur emploi de sa fortune. On lui offre les Sceaux de France, qu’il refuse, ne voulant point acheter une charge qui ne doit se donner qu’au mérite. Groulard n’était pas seulement un juriste, c’était également un savant : ami des Scaliger, des Juste Lipse, on lui doit une traduc- tion latine des Harangues de Lysias; en 1596, il fut élu prince des Pal inods de Rouen. Comme président du Parlement de Normandie, il avait la délégation du pouvoir central sur toutes les œuvres de bienfaisance publique. Il existait à Rouen, depuis près d’un siècle, et surtout depuis 1521, créé par un arrêt de la Cour de Parlement, un Bureau des pauvres valides. La misère des temps et le développement inouï de la mendicité avaient rendu nécessaire l’organisation officielle des secours aux pauvres. L’état troublé de la société en France et dans notre province à cette époque et pendant toute la durée du xvi® siècle, les guerres civiles déchaînées par la Religion réformée, l’instabilité politique, la peste qui sévissait sans relâche, ruinaient le commerce et rendaient l’agriculture improductive. Presque chaque année la Cour de Parlement rendait un nouvel édit pour refréner l’audace des mendiants ; mais les châtiments les plus sévères n’amélioraient guère la situation. Le peuple était plus pauvre que jamais. Le Bureau des pauvres valides fonctionnait tant bien que mal avec des res- sources insuffisantes dues surtout aux aumônes recueillies dans les églises, les cabarets, dans des troncs placés un peu partout, et à quelques donations de personnes charitables. Les distributions étaient faites par des quarteniers choisis â l’élection parmi les bourgeois notables à qui cette fonction était imposée sous peine d’amende. On logeait les pauvres où on pouvait, dans les petits hôpitaux alors existants comme Vhôpital du Roi ou] VhôpUal Saint-Vivién, ou mieux encore dans des maisons que Guillaume de Saâne avait fait bâtir sur l’emplacement des anciens fossés, concédé â la Ville par](https://iiif.wellcomecollection.org/image/b29001626_0001_0026.jp2/full/800%2C/0/default.jpg)