Mal de Pott syphilitique d'origine probablement héréditaire guéri par le traitement spécifique / par Henri Pied.

  • Pied, Henri.
Date:
1912
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Credit: Mal de Pott syphilitique d'origine probablement héréditaire guéri par le traitement spécifique / par Henri Pied. Source: Wellcome Collection.

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    Le cas que nous rapportons ci-après nous paraît mériter d’être rangé parmi les observations de mal de Pott syphilitique, et ce qui en fait l’in- térêt c’est qu’il s’agissait ici d’une syphilis absolument latente. Le 14 mai 1911, on nous demande un conseil pour le jeune Ch., 24 ans, ouvrier agricole. 11 se plaint, nous dit son patron, d’une gêne dans les reins quand il travaille longtemps penché, et de douleurs dans la même région, survenant vers le milieu de la nuit. Rien dans l’aspect extérieur de ce jeune homme, habillé pour se rendre au travail, ne faisait prévoir la maladie dont il était porteur. Nous pensions qu’il s’agissait là probablement d’un lumbago dû à un refroidissement, et nous nous serions contenté sans doute d’une simple ordonnance pour ce conseil pris à la volée à la fin d’une autre visite, si nous n’avions été frappé du caractère nocturne des douleurs qu’il accusait. Nous demandons à ce jeune homme de se déshabiller et nous nous ren- dons compte aussitôt qu’il présente une déformation considérable de la co- lonne vertébrale. Cyphose lombaire angulaire, un peu plus fermée que l’angle droit, avec lordose dorsale compensatrice. Scoliose sacrée à convexité droite. La déformation sacrée nous fait pen- ser qu’il s’agit là d’une lésion fort ancienne, contemporaine du dévelop- pement du sujet. Ce jeune homme nous raconte en effet qu’il a commencé à souffrir des reins à 1 âge de 16 ans, qu’il a été soigné pendant deux ans par des séances de suspension, sans appareil plâtré, par l’huile de foie de morue et des toniques. A partir de l’âge de 18 ans, il n’a souffert qu’à de rares intervalles, mais a toujours, dit-il, Conservé une bosse dans les reins. Malgré cela, il a fait son service militaire, ainsi qu’en témoigne son livret, et a été libéré au mois de septembre dernier. Pendant son service, il a eu, à différentes reprises, des crises doulou- reuses analogues à celles qu’il décrit, crises auxquelles on n’a pas attaché grande importance. Quand on ne regarde pas son dos, Ch. présente en effet toutes les appa- rences d’un homme robuste fortement musclé; taille, 1 m. 68, poids, 70 kilogrammes. Sa lésion vertébrale n’est nullement consolidée comme le faisait penser son histoire. En effet, l’élongation, puis la réclinaison de la colonne vertébrale per- mettent de diminuer d’au moins moitié la déformation lombaire. Fait remarquable, la pression et les mouvements soit au niveau de la région malade et toujours déformable, soit dans tout autre point de la colonne ver- tébrale, ne réveillent aucune douleur. Le malade décrit très bien ses deux sensations anormales : gêne pendant le jour lorsqu’il est obligé de garder longtemps la position penchée, et dou- leurs la nuit. Poursuivant notre examen, nous constatons que les réflexes rotuliens sont complètement abolis, que le sujet présente des canines bicuspides et qu’enfin sa fosse iliaque gauche est presque remplie d’une tumeur dure, complètement indolore.