Volume 5

Encyclopédie des sciences médicales / par MM. Alibert, Barbier, Bayle [and others]. [M. Bayle, rédacteur en chef].

Date:
1834-1846
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Credit: Encyclopédie des sciences médicales / par MM. Alibert, Barbier, Bayle [and others]. [M. Bayle, rédacteur en chef]. Source: Wellcome Collection.

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    tion dans l’agrégation des molécules pré- existantes et éternelles, a fait naître des discussions sans nombre : elle a surtout partagé les savants sur la possibilité des générations spontanées, dont Frey et quelques autres admettent l’existence. On conçoit qu’il en fut ainsi dans l’enfance de l’art, lorsque la physiologie était si peu avancée, et lorsque surtout l’étude des êtres vivants et l’expérience laissaient tant à faire et tant à désirer. Mais au- jourd’hui il semble qu’après des travaux si laborieusement entrepris et poursuivis avec tant d’ardeur, on devrait être fixé sur cette épineuse question. 11 n’en est cependant rien , et les deux opinions comptent chacune dans leurs rangs les hommes du plus grand mérite. Peut-être même l’opinion des générations sponta- tanées compterait - elle un plus grand nombre de suffrages, depuis surtout que les recherches de M. Lamarck lui ont prêté un si puissant appui : car beaucoup de savants semblent, par leur silence, lui accorder un témoignage indirect d’ap- probation , pendant que d’autres l'ont adoptée franchement. Cependant, nous ne craignons point de le dire, nous repous- sons de tout notre pouvoir les générations spontanées, parce que nous les regardons comme entièrement contraires à la vé- rité. N'est-ce pas une supposition pure- ment imaginaire que l’admission de ces molécules organiques, qui n’attendent que la rencontre d’autres molécules sem- blables, pour se combiner avec elles et faire naître un individu organisé, d’abord rudiment, il est vrai, ou premier échelon des êtres organisés plus parfaits, mais en- fin un être jouissant de la vie, et pou- vant la transmettre par génération à d’au- tres êtres semblables? Pour croire à cette rencontre romanesque des molécules or- ganiques , pour croire même à leur exis- tence éternelle, nous en attendrons la démonstration.—On a dit qu’il se déve- loppait des conserves dans l’eau distillée des pharmacies long-temps conservée. Nous avons vérifié le fait avec cette sé- vérité qui est si nécessaire lorsqu’il s’a- git d’établir des preuves positives. Pour cela, nous avons placé différents flacons d’eau distillée sur le même rayon : tous étaient également pleins et de même grandeur. Nous en avons fermé hermé- tiquement la moitié ; nous avons couvert les autres, soit avec une peau légère, soit avec un morceau de drap bien attaché au goulot. Au bout d’un an, les premiers flacons n’ont présenté aucune trace de matière organique dans leur intérieur, tandis que les autres avaient présenté plus ou moins promptement le dévelop- pement de diverses conserves. Spallan- zani avait déjà fait la même expérience, et en avait obtenu le même résultat. Après avoir tenu long temps un morceau de bois de peuplier dans l’eau, nous le par- tageâmes en deux : l’une des deux moi- tiés fut placée dans le vide d’une cloche pneumatique ; elle y resta un mois sans rien présenter à sa surface : l’autre fut laissée à l’air libre ; elle s’y couvrit bien- tôt d’une couche organique, espèce de végétation véritable. D’après ces faits, il est évident que les prétendues généra- tions spontanées n’ont été admises que sur des expériences mal faites ou incom- plètes. Toujours alors, les germes im- perceptibles de l’être que l’on a cru se produire spontanément avaient été ap- portés par l'air, puisqu’elles n’ont pas eu lieu lorsqu’on a soustrait bien exac- tement au contact l’air, l’eau et les au- tres objets dans lesquels ou sur lesquels on les a vus se développer. Ainsi, il n’y a point de générations spontanées ; aucun être vivant ne peut provenir que d’un autre être vivant semblable. Cuvier l’a toujours enseigné. Il est bien entendu que nous ne parlons que de l’époque à laquelle nous vivons : nous ne vou- lons point remonter à l’origine des cho- ses. Nous laissons cette recherche téné- breuse aux conjectures plus ou moins justes des géologues et des métaphysi- ciens.— Ainsi se trouve combattue par avance l’application que M. Lamarck a faite à la génération de l’homme de son système des générations spontanées dans les êtres rudimentaires ; car il pense que la matière gélatineuse et organisable des fluides spermatiques fournis par l’homme ou la femme, rencontrant dans les orga- nes génitaux de celle-ci la cause maté- rielle de la vie, s’arrange de manière à former un embryon rudimentaire sem- blable aux êtres organisés rudimentaires, et qu’elle acquiert rapidement une or- ganisation plus compliquée, et passant par toutes les phases que les êtres rudi- mentaires ne parcourent que pendant des siècles et des siècles. Il n’est pas étonnant que le système du mélange des deux semences ait régné si long-temps : on y trouvait une explication assez satisfaisante de la ressemblance des enfants avec leurs parents ; ce que Buffon était venu fortifier plus tard par ses idées sur l'origine du sperme ; et ce que les