Art de la verrerie / de Neri, Merret et Kunckel. Auquel on a ajouté le Sol sine veste d'Orschall; l'Helioscopium videndi sine veste solem chymicum; le Sol non sine veste [by Christophe Grummet or Brummet]; le chapitre XI du Flora Saturnizans de Henckel, sur la vitrification des végétaux; un mémoire sur la manière de faire le saffre [by C.F. Zimmermann]; le secret des vraies porcelaines de la Chine et de Saxe. Ouvrages ou l'on trouvera la maniere de faire le verre et le crystal, etc. Traduits de l'allemand, par M. D * * * [i.e. P.H.D. von Holbach].

  • Neri, Antonio, 1576-1614.
Date:
1752
    contraction fandever, efltout blanc, a un goûtnîtreux ÔC fe diffout facilement à l’air ôt à l’humiditc. Nos Verriers ne font point dans l’ufage de faire l’extinCtion de la ma¬ tière du verre dans l’eau pour en féparer le fel ; mais ils le ramaffent avec des cuilliers, Jorfqu’il nage fur la furface de la matière : en effet, fi l’on n’avoit pas foin d’ôter cette écume, le verre deviendroit moins propre à être travaillé, plus fragile & moins flexible. Un creufet qui contient deux cens livres de la meilleure matière , donnera jufqu’à cinquante livres de fèî alcali : moins le fel dont on fe fera fervi (èra fort & moins les cendres feront âcres; plus on aura de fel alcali : la différence en quantité donnée par les compofitions, va jufqu’à une cinquième ou fixiéme partie. Si la compofition eft de verre commun & que les cendres foient mauvaifes, les Verriers feront obligés, à caufe de la grande quantié de fel alcali qui fe formera , de remettre des cendres dans le creufet jufqu’à cinq ôc fix fois, pour qu’il foit plein de matière. Tant qu’il y aura du fel alcali, il ne faudra pas jetter de l’eau froide dans les pots, pour empêcher le bouillonemennt du verre. Si l’on avoit cette imprudence , les creufets & le fourneau fe romproierrtavec violence. Le fel alcali aide aufîi à la fufion des métaux. Si dans la préparation du crocus metallorum l’on en mêle un peu avec l’antimoine & le nître, il augmentera la quantité du crocus & facilitera la féparation des fcories : ce fel fe trouve abondamment en France, & les Rabitans s’en fer¬ vent au lieu de fel commun pour préparer leurs alimens. Sa diffolution verfée dans les allées des jardins, tue les vers ôt détruit les mauvaifes herbes. On appelle cols, les reftes de verre qui s’attachent aux cannes de fer: On a foin de les détacher chaque fois, avant que de tirer de nou¬ velle matière du creufet. On met ces relies à part, on les broyé, & en les mêlant avec d’autres matières, on n’en" peut faire qu’un verre commun, quand même ils viets- droient de la meilleure matière.
    Remarques de J. Kunckel fur le Chapitre I X. 43 L’Auteur enfeigne dans ce Chapitre la façon d’emploierla magnolie, qui n’eft autre chofe, comme il a déjà été dit, que ce que les Verriers appellent en Allemand Braunjlein. On pourroit la nommer favonde verre. On peut avoir à bon marché celle qui fa trouve dans le Hartz, dans la Mifnie , en Boheme , & elle n’eft inférieure en rien à celle de Piémont, dont parconféquent nous pouvons aifément nous pafler en Allemagne. Si on mêle la magnéfie à un verre qui efl: verdâtre ; après qu’elle fera fondue, la couleur du verre tirera un peu furie noir , ôc le verre deviendra plus clair & perdra fa couleur verte. Malgré cela on auroit tort de fe flatter que ce verre dût reffembler à un crillal, ou dût être aufli beau que celui qui fe fait en phifieurs endroits d’Alle¬ magne. Peut-être étoit-il plus beau que celui qu’on faifoit du tems de l’Auteur ; mais on fe fert actuellement d’une méthode beaucoup meilleure & que je communiquerois volontiers aux amateurs, fi des raifons particulières ne m’en empêchoient. * Néantmoins ceux qui voudront avoir un beau verre fait à la façon des Vénitiens , y parvien¬ dront fort bien en fuivant les réglés de l’Auteur & furtout en obfer- vant d éteindre fouvent la matière dans l’eau , comme les Verriers font allez dans l’ufage de faire , quoiqu’ils n’obfervent pas toujours cette circonftance. CHAPITRE X. De la maniere de faire le verre crijlallin Ò* le verre blanc , autrement dit le verre commun. ti N mettant la Fritte faite avec la poudre de Roquette dans les creufets, Ton aura un verre blanc ou verre commun ; l’on a luffifamment ex¬ pliqué en fon lieu la maniere de faire la fritte avec * Malgré l’air miftérieux que Kunc¬ kel prend ici, il ne lailfera pas de com- r muniquer le fecret dont il parle, à la fin de fes notes fur le premier Livre de Neri, F ij
    cette poudre. Si la fritte efl faite avec cette Cer¬ niere matière , l’on aura un beau verre , qui tien¬ dra un milieu entre le verre commun 8t celui qu'on nomme Bollito en Italien. Il faut toujours le fèrvir d'un bois fec & dur, pour chauffer le four¬ neau & prendre garde à la fumée qui efl nuifible , Sc qui noircit l'ouvrage. Il faut joindre au mélange une dofe convenable de magnéfie de Piémont préparée, tant pour le verre commun que pour le criflallin , cela le rendra plus beau , comme il a été dit en parlant du Bollito ; car la magnéfie en emporte toute la couleur verte. Il faut aulii tou¬ jours éteindre le verre criflallin dans l'eau. Si l'on obferve la même choie pour le verre commun > il en devient plus parfait. On remettra enfuite dans le creufet la matière de ces verres , & lorfqu'elle fera bien purifiée , on pourra lui donner telle for¬ me qu'on voudra : il efl arbitraire de faire ou de ne pas faire l'extinélion du verre dans l'eau, & l'on peut omettre cette cîrconflance fi l'on veut ; mais elle efl néceflaire fi on cherche à avoir un verre plus beau qu'à l'ordinaire ; cela contribue à le blanchir, & de plus à le bien cuire & purifier , & empêche qu'il ne s'y forme tant de bulles : l'on remarquera que fi fur cent livres foit de verre de criftal, foit de verre commun, l'on met dix livres de fel de tartre purifié , l'on aura un criftal ou verre beaucoup plus beau qu'à l'ordinaire, & plus facile à travailler. L'on y joindra le fel de tartre v en préparant la fritte de la fa^on indiquée ci-de-
    vant. On donnera dans le Chapitre fuivantla ma¬ niere de purifier le fei dé tartré deftiné à cet ufage. Notes de Merret fur le Chapitre X. Pour que le verre foit bien cuit, il ne fuifit pas de vingt-quatre heures , il faut qu’il demeure dans un feu violent pendant deux ou trois jours; ôc plus il y reliera,plus il fe perfectionnera ; car par ce moyen il fera plus exacte¬ ment purifié, & toutes les taches ôt bulles qui s’y feront formées fe dilïiperont. Remarque de J. Kunckel fur le Chapitre X. L’Auteur dit dans ce Chapitre qu'on peut fe difpenfer d'éteindre le verre dans l’eau; il eli néceflaire d’obferver là-deflus, que li ori vouloit travailler le mélange aulîitôt après qu’il a été fait, fuivant les réglés qui en ont été données par l’Auteur, il n’ell pas douteux qu’il ne fût très-utile pour lors d’en faire l’extinélion dans l’eau ; car quoi¬ que l’on en ôte avec des cuilliers le fel fuperflu qu’on appelle^/ de verre ; cela ne peut cependant pas fe faire alfez exaélement pour qu’il n’y relie pas toujours du fel qui n’a pu s’unir au fable, & fe vitrifier avec lui. Or c’ell ce fel qu’on lui enleve par l’extinélion dans l’eau : mais cette précaution devient inutile, fi l’on peut lailfer le mélange allez long-tems dans le feu. Merret a donc radon de dire que plus le verre relie au feu, plus il devient beau. C’ell une attention qu’il ne faudra pas négliger, file mélange eli maigre ou gras, c’ell-à-dire,' s’il y eli entré peu ou beaucoup de fel ou labié : S’il y a trop peu de fel, les Verriers difent que leur mélange eli maigre, & alors il eli plus dur& plus difficile à fondre. Il vauc donc mieux que le mélange loit un peu gras, furtout s’il relie long-tems au feu, parce qu’alors il fe travaille plus aifément. « /
    CHAPITRE X I. De la maniere de purifier le Sel de Tartre. P R e n e z da tartre de vin rouge en morceaux, & non en poudre; brûiez-le dans des creufets de terre mis fur des charbons ardens, afin qu’il foie calciné au point de devenir noir: après lui avoir enlevé tout ce qu’il a d’onctueux , continuez la calcination jufiqu’à ce qu’il commence à blanchir ; mais il ne faut pas pour l’opération dont il s’agit, qu’il foit entièrement blanc. Mettez ce tartre ainfi calciné dans de grands vailfeaux de terre vernif- fés, Sc remplis d’eau chaude ; laites bouillir ce mélange à un feu lent, de façon qu’en deux heures de tems le quart de l’eau foit évaporé ; au bout de ce tems ôtez-le du feu ; lorfque l’eau fera re¬ froidie Sc clarifiée , décantez-la , Sc vous aurez une lefiive âcre & chargée de fel. Rempliifez d’eau les pots où eft le réfidu du tartre ; faites bouillir cette eau comme la premiere fois & con¬ tinuez de même jufqu’à ce que l’eau foit dégagée de tout le fel ; filtrez enfuite l’eau imprégnée de Ici j Sc faites évaporer dans des matras de verre que vous mettrez fur la cendre ou à un feu doux; il reliera au fond du matras un fel blanc ; faites defcendre ce fel de nouYeau dans de l’eau chaude ; laide z 1 y repofer pendant deux jours ; filtrez l’eau