Volume 1

Oeuvres complètes d'Ambroise Paré / revues et collationnées sur toutes les éditions, avec les variantes; ornées de 217 planches et du portrait de l'auteur; accompagnées de notes historiques et critiques; et précédées d'une introduction sur l'origine et les progrès de la chirurgie en Occident du sixième au seizième siècle, et sur la vie et les ouvrages d'Ambroise Paré, par J.-F. Malgaigne.

  • Paré, Ambroise, 1510?-1590.
Date:
1840-1841
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Credit: Oeuvres complètes d'Ambroise Paré / revues et collationnées sur toutes les éditions, avec les variantes; ornées de 217 planches et du portrait de l'auteur; accompagnées de notes historiques et critiques; et précédées d'une introduction sur l'origine et les progrès de la chirurgie en Occident du sixième au seizième siècle, et sur la vie et les ouvrages d'Ambroise Paré, par J.-F. Malgaigne. Source: Wellcome Collection.

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    miellée et d'huile , où l’on aura cuit de l’absinthe , ou quelque autre de ceux qui sont ordonnés pour les vers du ventre. Que si le Dragonneau sor- tant de luy-mesme se peut tirer aisé- ment, il ne faut rien faire d’auantage : mais s’il tourne à suppuration, l’on ne doit faillir à y mettre les cataplas- mes et à l’arrouser d’eau miellée et huile. Les cataplasmes ostés , nous auons accoustumé d’appliquer vne emplastre de baies de laurier. La suppuration paraeheuée , le cuir soit incisé selon la longitude : et estant le Dragonneau descou uert,soit tiré hors, et la peau soitemplie de plumaceaux, et soit fait le surplus de la curation suppuratiue : de sorte qu’ayant cest animal suppuré et tiré dehors, soitl’vl- cere incarnée et menée à tin de cica- trice. Voila ce que nous a laissé Aëce. Rhasis, chapitre 24 du traité 7, dit : Quand le lieu commence à s’esleuer en vessie, et la veine se haste de sor- tir , il est bon que le malade boiue au premier iour demie drachme d a- loé: au second, vne drachme entière : au troisième, deux drachmes : et que la partie soit aussi epithemée d’aloé , car il l’ostera du tout : et apres ce qui sera sorti, il faudra enuelopper ce qui apparoist estre dehors , à l’entour d’vne canne de plomb , de la pesan- teur d’vne drachme , et la lier auec cela, et la laisser pendre: car par la pesanteur d’icelle , il viendra à des- cendre , à s’allonger et sortir dehors: et quand il y aura vne partie dehors, soit enueloppé et lié à l’entour dudit plomb : et si ce qui est desia sorti est bien long , il le faut couper, et enue- lopper encores ce qui est demeuré, en sorte que l’on ne coupe iusques au bout : car si on le fait ainsi, il se re- tirera dedans la chair, et engendrera vn aposteme putride et malin : par- 425 quoy il faut suruenir à ceste maladie doucement, et tirer hors la veine peu à peu, tant qu’elle sorte toute, et qu’il n’en demeure rien au corps. Mais si de fortune l’on a incisé rez-à- rez de l’vlcere , il faut mettre le ra- soir dedans le trou , fendre en long , et l’ouurir si bien que l’on puisse oster tout ce qu’il y a de reste : de là, que l’on y mette du beurre par quelques iours, iusques à ce qu’il pourrisse et que sa substance soit consommée , puis soit curée auec les medicamens qui engendrent chair. Voila comment Rhasis en vne mesme sentence , par- lant d’vne mesme chose , l’a baptisée de diuers noms, et entre armé de fer et de plomb en la curation d’icelle, tout ainsi que s’il vouloit vaincre quelque furieux animal. Soranus, Médecin du temps de Ga- lien , a eu opinion toute contraire, selon que cite de luy Paul Æginete au lieu preallegué, d’autant qu’il con- teste et afferme le Dragonneau n’es- tre point vn animal, ains vne con- densation et engrossissement de quel- que petit nerf superficiel au dessous de la peau, qui semble aux malades et Médecins auoir mouuement : en quoy Soranus s’est quelque peu ap- proché de la vérité , non toulesfois si en tierement qu’ilait compris l’essence de ce mal, comme dirons cy apres. Manardus, epist. 2 de son 7. liure , dit que tels Dragonneaux sont engen- drés d’vn sang mauuais , grossier, chaud et melancholique, ou d’vn fleg- me bruslé et deuenu à complexion grandement seiche. Gorreus , tres-docte Médecin , en son liure des Définitions, nie aucun Médecin de ses quartiers en pouuoir parler,pourestre le malsiinfrequent, qu’aucun n’en pourroit auoir eu la veuë.