Volume 1

Nouveaux élémens de pathologie médico-chirurgicale ou, Traité théorique et pratique de médicine et de chirurgie / par L.Ch. Roche et L.J. Sanson.

  • Roche, Louis Charles, 1790-1875.
Date:
1837
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Credit: Nouveaux élémens de pathologie médico-chirurgicale ou, Traité théorique et pratique de médicine et de chirurgie / par L.Ch. Roche et L.J. Sanson. Source: Wellcome Collection.

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    lorsque la menstruation ne peut pas s’établir : elle cesse aussitôt que les menstrues coulent et se régu¬ larisent, enfin les excitans de l’utérus sont en géné- raljes moyens à lui opposer. Il semble, à voir une jeune chlorotique , que tous ses organes soient ar¬ rivés à ce point de développement où la puberté doit nécessairement éclore, mais que l’utérus en retard, ne recevant plus le degré de vie dont il a besoin pour devenir apte à la fonction qui lui est destinée, et ne donnant pas conséquemment l’impulsion sans laquelle nepeuts’opérer l’importante révolutionprête à s’accomplir, retienne tout le reste de l’organisation dans un état de langueur et d’inertie. En un mot une jeune fille atteinte de chlorose peut être considérée comme un être qui se développe et qui, passant d’un état de vie à un autre, est arrêté dans son évolu¬ tion commencée, et reste en quelque sorte à l’état de chrysalide engourdie , parce que l’organe qui doit présider à sa nouvelle existence, ne reçoit ni le développement, ni la vitalité nécessaires Causes. La chlorose s’observe surtout chez les jeunes filles à l’époque de la puberté, et comme nous l’avons déjà dit, principalement lorsque la menstruation s’établit avec peine, ou ne s’établit pas dutout. Mais on l’observe aussi quelquefois chez les garçons à la même époque, probablement sous l’influence du même état d’asthénie des organes génitaux. Les femmes mariées, et surtout les veu¬ ves , en sont encore fréquemment affectées. On dit aussi qu’on l’a observée chez desenfansen bas-âge, mais nous pensons que dans ces cas on s’est mépris sur la nature du mal, et que l’on a pris pour des chloroses, des affections vermineuses, ou des né¬ vroses de l’estomac, ou des anémies, affections avec lesquelles il est facile de la confondre. Le tem¬ pérament lymphatique et une constitution faible , prédisposent à la contracter. La chlorose se développe assez fréquemment sous l’influence des causes suivantes : l’habitation dans des lieux bas, froids et humides; les alimens peu nourrissans ou de difficile digestion, l’abus des boissons aqueuses froides et surtout chaudes, l’u¬ sage immodéré des bains chauds , l’usage prolongé de vins de mauvaise qualité, les veilles excessives, le sommeil trop prolongé , et l’oisiveté. Il est pres¬ que superflu d’ajouter qu’aucune de ces causes, agissant isolément, ne peut produire la maladie, et qu’il faut toujours à cet effet le concours de plu¬ sieurs d’entre elles. Le plus ordinairement même, il faut encore l’intervention d’autres causes exer¬ çant une action directe sur les organes de la géné¬ ration , pour que la chlorose puisse se développer ; les principales sont : un amour concentré ou mal¬ heureux , la privation des plaisirs vénériens chez , une jeune fille très-ardente, ou chez une femme qui les a déjà goûtés, la suppression prolongée du flux menstruel, et dans quelques cas, l’écoulement im¬ modéré des règles. Les affections morales tristes , de quelque nature qu’elles soient, paraissent aussi exercer quelque influence sur la production de cette maladie. Enfin , elle paraît être quelquefois symp¬ tomatique d’une phlegmasie chronique ayant son siège dans un organe important, le plus ordinaire¬ ment dans les voies digestives. ' Voyez pour les Jéveloppemens de cette hypothèse notre article Chlorose dans le tom. V du Dictionnaire de Mé¬ decine et de Chirurgie pratiques. Symptômes , marcJiQ, durée et pronostic. Les symptômes de la chlorose consistent dans la pâleur extrême, la coloration jaunâtre ou verdâtre et la bouffissure du visage, la lividité des paupières et leur infiltration au réveil, la décoloration de la con¬ jonctive et des lèvres , l’expression morne des yeux, la sécheresse et la teinte terne , plombée et terreuse de la peau , la flaccidité des chairs , l’œdématie des pieds , la diminution graduelle de l’appétit jusqu’à l’anorexie complète , souvent le désir d’alimens for-“ tement sapides, et quelquefois une telle dépravation du goût que les malades mangent de la craie, du charbon, et mille autres substances entièrement dépourvues de propriétés nutritives. A ces symptô¬ mes se joignent ordinairement des nausées et des vomissemens , de la dispnée et des palpitations que le moindre exercice augmente, principalement quand les malades montent un escalier ou une pente un peu rapide , la petitesse et la fréquence du pouls , un sentiment continuel de lassitude et de fatigue, et une grande répugnance au mouvement. En même temps les malades sont tristes , mélancoliques, elles recherchent la solitude, elles soupirent .et pleurent involontairement sans motifs. l.e défaut de menstruation ou la suppression des règles accompagnent, avons-nous dit, presque tou¬ jours la chlorose. Quelquefois cependant récoule- ment menstruel s’opère encore , mais peu à peu les époques s’en éloignent, le sang qui s’en échappe diminue chaque fois de quantité , et devient de plus en plus pâle et séreux , jusqu’à ce qu’enfin, il cesse tout-à-fait de paraître. Cette menstruation incom¬ plète, loin de soulager les malades , semble au con¬ traire aggraver leur état, et l’on voit presque tou¬ jours s’exaspérer les accidens au retour de chaque époque des règles : les malades deviennent encore plus tristes que d’ordinaire, elles sont même assié¬ gées d’idées sinistres , et des syncopes et de la car- dialgie s’ajoutent aux accidens habituels. Enfin, la maladie continuant à s’aggraver, il se déclare une douleur fixe de la tête, ayant ordinairement son siège à l’occiput ; le ventre devient tendu et dou¬ loureux , la soif s’allume, le pouls s’accélère, quelquefois une petite toux se déclare, et la diar¬ rhée survient, des exacerbations ont lieu tous les jours, l’amaigrissement fait des progrès rapides , et les malades sont dans un état complet de marasme. La chlorose est toujours une maladie de longue durée; elle guérit souvent, mais souvent aussi elle entraîne la mort. En général, on peut s’en promet¬ tre la guérison tant qu’elle n’est pas accompagnée d’une phlegmasie viscérale. Simple et récente, c’est- à-dire exempte de complication et n’ayant qu’un ou deux mois d’existence, elle n’offre aucun danger ; elle est peu grave encore si la constitution de la malade est forte, et si les règles n’ont pas encore paru ; toutes choses égales enfin , elle est d’autant moins inquiétante que la malade peut plus facile¬ ment se placer dans des conditions hygiéniques nouvelles et favorables. Lorsqu’au contraire'elle est ancienne et compliquée, on doit la regarder comme une affection en général très-grave; toutefois sa gravité dépend , surtout dans ce cas , de la nature et de l’intensité de la maladie chronique qui l’ac¬ compagne. C’est encore d’un fâcheux augure que de voir les règles diminuer graduellement ou se sup¬ primer tout-à-fait sous l’influence de cette affection. Enfin, lorsqu’il n’est pas possible de soustraire les