Volume 2

L'aphasie de Broca.

  • Moutier, Francois.
Date:
1908
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Credit: L'aphasie de Broca. Source: Wellcome Collection.

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    commande de prendre une bille, de la placer dans le baquet sur Ia[ brouette, il exécute très bien cet ensemble. Il n'exécute pas en revanche cet ordre plus compliqué : « renversez le baquet sur la bille et retournez la brouette ». L'audition est bonne, même pour la voix chuchotée. On demande au ma- lade de raconter sa maladie. « Il y a 5 ans, tombé... » puis il se perd dans un langage inintelligible. Quel métier faisiez-vous ? — Peintre. Or, il est papetier. « Vous étiez papetier? — Papetier » répète le malade avec un signe affirmatif, et il fait comprendre que c'était rue de Médicis, 40, en face du Luxembourg. Il donne divers renseignements. Dit qu'il n'est pas]^marié. Il est allé deux ou trois fois à Londres. « Londres, est-ce en Belgique? — en Italie ?... en Allemagne ? —^Oui, en Allemagne. — En Angleterre ? — Oui en Angle- terre, en Angleterre. » Le malade arrive à dire un certain nombre de mots ; mais leur émission est pénible. Les phrases sont embrouillées, il existe par moments un fort bégaiement et le même mot est répété plusieurs fois. Quand il veut dire « Champagne », le malade commence par çampogne, puis çampagne et enfin Champagne, et de suite il répète convenablement ce mot. Le bégaiement débute quelquefois par 2 ou S^inspirations. Parole répétée. — Tandis qu'il redit avec exactitude « Bicôtre, pomme, chapeau, donnez-moi », il ne peut [^arriver à dire « donnez-moi mon cha- peau ». 11 répète « versez » puis « du vin dans mon verre », mais ne peut arriver à dire « versez du vin rouge dans mon verre ». Au lieu de «]^mettez votre mouchoir dans votre poche », il dit « Mettez mon verre dans ma poche ». It est ici intoxiqué par le mot verre qui semble être pour lui des plus usuels. Si l'on fait une phrase un peu longue, ou composée de mots non usuels, il répète toujours les derniers mots.^Les'choses tout à fait habituelles sont toujours répétées en effet. De lui-même, iTne peut chanter la Marseillaise, mais les premières sylla- bes lui étant données, il arrive à en^chanter quelques strophes. Lecture. — On lui a présenté le] mot>(chat », le [malade dit « le ju^de gloire est arrivé », et il soutient que c'est écrit sur le papier. « Juste », il dit en voyant le j = I, et envoyant la dernière lettre e = e, p = i a = deux i m = trois I \i z=. e h = h g = e Il faut noter qu'unej des premières lettres reconnues fut un e ; il semble donc en avoir été intoxiqué. On lui montre l'heure : 40 h. 30 ; il dit 6 heures. Au mois d'août 1902 il avait reconnu toutes les lettres, et les chiffres 1, 3 et 4. 11 ne pouvait dire 2, mais montrait deux doigts II est incapable de hre un seul chiffre, mais peut compter spontanément jusqu'à 10.